A la découverte de l'Ecole des cadres d'Uriage, une école de conviction !

Publié le 

Auteurs : Romain Bitot et Kelian Nguyen

Creds : Musée de la Résistance
Creds : Musée de la Résistance

 

Au musée de la Résistance et de la Déportation, depuis le 17 novembre 2017 et jusqu’au 21 mai 2018, se tient une exposition sur l’épisode méconnu de l’école des cadres d’Uriage. Nous vous invitons à suivre la visite de Vincent SELA, le guide officiel du musée.

 

 

 

La création de l’école des cadres d’Uriage s’inscrit dans la continuité des événements ayant frappé la France en 1940, après la débâcle de son armée en 6 semaines. C’est après cette humiliation que s’installe au pouvoir le Maréchal Philippe Pétain (1856-1951) s’adjugeant les pleins pouvoirs le 10 juillet 1940. Outre sa politique de collaboration avec l’Allemagne d’Hitler, il prône une reconversion de la société française sur de nouvelles valeurs – « Travail, Famille, Patrie » - et fonde beaucoup d’espoir en la jeunesse française. C’est d’ailleurs sous l’impulsion du secrétariat à la jeunesse de Vichy et avec la direction de Pierre Dunoyer de Segonzac (1906-1968) qu’est bâtie, dès 1940, l’école des Cadres. Dans un premier temps, elle sera basée à la Fauconnière en banlieue parisienne avant d’être délocalisée à Uriage, son fondateur jugeant que l’école se situait trop proche du pouvoir piloté par Philippe Pétain. Dés lors, Uriage va devenir le lieu de formation des Cadres de la jeunesse selon les valeurs véhiculées par Vichy.

Tout d’abord, Pierre Dunoyer de Segonzac construit son corps d’enseignement autour d’instituteurs issus de l’armée ou de l’Eglise. Peu de femmes prennent part au projet et les seules pouvant être mentionnées occupaient des fonctions administratives.

 

Après plusieurs mois d’activité, l’école se laïcise et les instituteurs s’intellectualisent. Parmi les nouveaux membres, Emmanuel Mounier, Hubert Beuve-Méry -le futur fondateur du Monde- ou encore Joffre Dumazedier à tendance Marxiste. Ce dernier souhaitera par la suite un brassage des classes au sein de l’institution.

 

Dans son fonctionnement, l’école propose cinq différents stages, tous financés par l’Etat et ouvert aux hommes volontaires. « La session générale d’information » est la plus courante des cinq. Elle accueille une centaine de stagiaires en moyenne et dure trois semaines. « Le grand stage », d’une durée de six mois, n’aura connu qu’une seule organisation de février à août 1942 et offrait aux stagiaires une formation complète basée sur vingt cycles thématiques. Viennent ensuite les « Sessions spéciales » regroupant des personnes provenant d’un même milieu social ou professionnel. Elles sont d’une durée de trois jours à deux semaines. A partir d’avril 1942, Joffre Dumazedier met en place les « Stages industriels » destinés aux cadres de l’industrie et aux ouvriers. Ils sont organisés à la demande d’une entreprise par exemple. Et enfin viennent les « Sessions exceptionnelles » réservées au secrétariat général de la jeunesse.

 

 

L’école proposait dans ses formations les promenades DEFFONTAINES (un ancien géographe). Ces promenades se déroulaient dans les différents massifs entourant l’école ; permettant aux élèves d’étudier l’environnement ainsi que les diverses cultures de la région. Enfin, l’école possédait un hymne, une devise et un blason rendant l’éducation très chevaleresque, c’est ainsi que les promotions portaient le nom de célèbres chevaliers.

Au fur et à mesure, l’esprit de l’école s’écarte de la doctrine du général ; en effet, De SEGONZAC était plutôt humaniste et anti-fasciste. C’est ainsi, après avoir été informé par de nombreuses lettres de délation, que le régime de Vichy fit pression sur l’école pour remédier à ces divergences. De SEGONZAC ne changeant pas de position, l’école des cadres fut démantelée en 1942 pour laisser place à l’école de la milice de Vichy reprenant les installations du château laissées là.

 

Deux ans plus tard, en juillet 44, le maquis tout proche attaque et s’empare du château, obligeant les miliciens à trouver refuge et à installer leurs quartiers dans notre cher lycée CHAMPOLLION.

 

Le château voit alors s’installer les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) pour s’en faire un terrain d’entrainement et de formation pour les « équipes volantes », des bataillons envoyés dans les maquis afin de former les jeunes combattants, dans lesquels on retrouve d’anciens professeurs de l’école des cadres.

 

Durant cette visite entièrement gratuite, le musée lève le voile sur un passage souvent méconnu de l’histoire de la région ; de plus une visite guidée gratuite est proposée tous les premiers dimanche du mois. Enfin, cette exposition sera un prétexte pour découvrir ou redécouvrir la formidable exposition permanente.